Le vignoble bordelais :
L'appellation Bordeaux et les autres appellations
L'appellation Bordeaux
En plus des obligations de cépages, l'appellation Bordeaux est accordée aux vins dont l'élaboration a obéi à un ensemble de règles bien définies.
Délimitation de l'aire de production. A l'intérieur du département de Gironde sont exclues les zones impropres à la culture de vigne de qualité.
Pour chaque aire d'appellation la culture de la vigne est régie par des règles qui définissent : densité de plantation (3000 pieds/hectare minimum avec une obligation d'aller vers 4000), taille, mode de conduite (palissage).
Le ban des vendanges est la date à partir de laquelle des viticulteurs sont autorisés à vendanger, il est défini par appellation et cépage.
La vinification obéit aussi à un certain nombre de règles. Elles portent sur le matériel à employer et les opérations autorisées. Elles visent à conférer au vin les caractéristiques fondamentales du BORDEAUX.
Enfin pour obtenir l'appellation, le vin sera analysé et dégusté par un jury représentatif des 3 corps : négociants, œnologues et viticulteurs. Il est de l'intérêt de chacun que cette dégustation soit suffisamment rigoureuse. Cette procédure permet d'éliminer les vins défectueux. Elle aboutit à l'obtention d'un label. L'obtention de ce label se traduit par une mention APPELLATION contrôlée. Soit BORDEAUX, soit une des appellations communales de Gironde (cf. suite du carnet).
La mention MISE EN BOUTEILLE AU CHATEAU est donnée aux seuls viticulteurs vinifiant chez eux (Les coopératives ont droit à la mention mis en bouteille à la propriété). Elle engage le vigneron seul responsable de la qualité de son propre vin, issu de son terroir, de ses vignes, de son travail. Elle est sa signature. Exigez-la.
Le Médoc
Les rives de la Gironde abritent un terroir remarquable. La proximité de l'estuaire, favorable au commerce en a porté la notoriété dans le monde entier. Dès 1855 le premier classement des crus était créé. Il était établi à partir des prix de vente des vins sur un siècle! Bien sûr on peut le critiquer (chacun sait que le prix n'est pas toujours le reflet de la qualité) et certains seconds crus méritent peut-être une première place, mais à l'heure de la statistique il faut admirer l'ampleur de la tâche qui fût accomplie.
La vigne est plantée sur une étroite langue de graves, le long de l'estuaire de la Gironde. Le sol y est souvent très pauvre et caillouteux, en conséquence il bénéficie d'un bon drainage.
Le Médoc réunit d'excellentes conditions pour la vigne : Exposition nord-est, face au levant et à la Gironde, sol pauvre, profond et bien drainé.
Dans ce contexte le Cabernet Sauvignon cépage tardif s'exprime dans toute sa plénitude. Il donne des vins charpentés, vigoureux, mais riches en nuances comme le ciel Bordelais. On y trouve aussi Merlot et Cabernet Franc ainsi que Malbec et Petit Verdot. Le Merlot, dominant dans certaines propriétés affine les vins dans leur premier âge.
Les Médoc sont par excellence des vins de longue garde. Les grands millésimes devront être vieillis plus de dix ans, les petites années cinq.
Les Appellations du Médoc
Le Médoc, se divise en deux grandes aires d'appellation, Médoc et Haut-Médoc (limité au sud par les Graves). Il ne produit que des vins rouges.
Le Haut-Médoc regroupe bon nombre des plus fameuses appellations du bordelais, du Sud au Nord :
MARGAUX : A tout seigneur, Tout Honneur. Le sol de Margaux est le plus riche… en galets du Médoc. Ses vins sont les plus grands dans les grandes années. Nul autre ne rivalise en délicatesse et richesse aromatique.
MARGAUX : nom d'un vignoble hors du commun, nom d'un Château, Château Margaux, Premier Grand Cru Classé. Terroirs très illustres, nous ne citerons que Lascombes, Rausan-Gassies, Dufort-Vivens, Kirwan, d'Issan, Pamer, Desmirail, Giscours, Brane-Cantenac…
Ces châteaux ne sont pas tous situés sur la commune de Margaux, les villages voisins, Cantenac, Labarde, Arsac et Soussans bénéficient de l'appellation Margaux et produisent des vins fort semblables.
SAINT-JULIEN : De petite superficie, Saint-Julien compte bon nombre de crus classés de belle prestance : Léoville-Las-Cases, Léoville-Barton, Gruaud-Larisen Dycry-Beaucaillou, Lagrange, Langoa…
Les Saint-Julien ont des arômes subtils, parmi les grands Médoc ils se distinguent par leur charme juvénile. Mais quelques années de cave adouciront leurs tanins.
PAUILLAC : Un sommet du sublime. Trois premiers grands crus classés, Lafite, Latour, Mouton-Rotschild. Trois parmi six.
Lafite est constitué d'un superbe vignoble de 80 hectares! Suite à la part importante consacrés au Merlot, il est plus léger que le bon nombre de Pauillac. Latour et Mouton-Rotschild sont plus corsés, ils s'appuient sur 90% de Cabernet Sauvignon.
D'autre Crus Classés ont assis la réputation de Pauillac, il faut citer Pichon-Longueville, Pichon-Longueville-Comtesse-de-Lalande, Duhart-Milon, Pontet-Canet, Lynch-Bages.
SAINT-ESTEPHE : Ici le sol est plus argileux. Proche de Pauillac, il en est pourtant éloigné : Les vins sont plus rudes, "l'âge les rend aimable sans en diminuer la vigeur". Les vins de Saint-Estephe ont en commun une couleur sombre et un corps solide. Les plus célèbres sont Cos d'Estournel, Calon-Ségur, Lafon Rochet et Montrose.
MOULIS et LISTRAC : Ces deux appellations plus modestes, sont produites dans l'arrière-pays Médocain. Les vins y sont plus légers, parfois très intéressants. Citons le plus célèbre, Château Chasse-Spleen.
Les Graves
Les Vins de Graves ont sans doute été les premiers produits en Gironde dès la plus haute antiquité. Au Moyen-Age leur réputation était déjà grande, ainsi le domaine de Pape-Clément fut créé en l'an de Grâce 1300. La région de Graves s'étend sur une cinquantaine de kilomètres au sud du Médoc. Son terroir est également composé de croupes graveleuses bien drainées propices au développement d'un vignoble de qualité.
Les vins rouges de Graves ressemblent à ceux du Médoc. D'ailleurs le Château HAUT-BRION a été classé en 1855 parmi les premiers crus.
Les vins blancs de Graves sont souvent secs et nerveux. Parmi eux, on trouve les meilleurs blancs de Gironde.
Depuis une dizaine d'année, la partie nord de cette appellation revendique l'appellation Graves de Pessac Léognan.
Les communes de Cérons, Illats et Podensac produisent aussi des blancs moelleux qui certaines années s'apparentent aux Sauternes
Sauternes et Barsac
Cette petite enclave des Graves est bornée par deux cours d'eau : la Garonne au nord et le Ciron à l'ouest (Barsac se situe sur la rive gauche du Ciron). Il en résulte de cette situation, des brouillards persistants et l'apparition fréquente de Botrytis cinerea. Ici, contrairement à toutes les autres régions viticoles, on attend la pourriture, pourriture noble qui dessèche la baie et concentre les sucres du raisin.
Ici, le Sémillon domine, cependant le Sauvignon lui apporte une note d'agrume confit qui s'harmonise aux notes dominantes de miel, cire d'abeille et propolis.
Le plus célèbre Sauternes est le mythique Château d'YQUEM premier grand cru classé, il ne produit guère que 10 hl/ha.
D'autres Château ont contribué à la gloire mondiale du Sauternes : Suduiraut, Rayne-Vigneau, Rieussec, Coutet, Cimens, Guiraud, Filhot…
Les vins produits sur la commune de Barsac sont susceptibles d'obtenir les appellations Barsac ou Sauternes.
Loupiac, Sainte Croix du Mont et Cadillac
Situés sur la rive droite de la Garonne, ils produisent des blancs liquoreux et des moelleux. La fermentation en fût y est moins répandue qu'en Sauternais. Les sols compacts, de fortes pentes, ont induit des espacements plus larges entre les rangs de vigne, pour le passage de deux bœufs!
Pomerol et Lalande de Pomerol
A deux pas de Libourne s'étend le vignoble de Pomerol. Ici, loin de l'austère Médoc, nulle classification n'a été établie pour guider le profane. Ce serait d'ailleurs difficile sur un si petit terroir.
Cependant, l'ensemble des vins de Pomerol est de belle qualité, d'ailleurs les prix atteignent souvent ceux des plus grands du Médoc.
Le terroir de Pomerol est très varié, graveleux à l'est, plus argileux au centre et sablonneux à l'ouest.
L'unité gustative des vins de Pomerol découle en bonne partie de la dominante des Merlots dans l'encépagement. Ils donnent une belle couleur et beaucoup de "gentillesse". On rencontre également une belle proportion de Cabernet Franc (nommé ici Bouchet), cépage porteur d'arômes subtils.
En conséquence, les vins de Pomerol ont une jeunesse éblouissante, les bons millésimes charment dès cinq ans d'âge.
Parmi les crus de Pomerol domine PETRUS. Nous citerons parmi les châteaux les plus réputés : L'Evangile, Trotanoy, Vieux Château Certan, La Fleur, La Fleur Pétrus, La Conseillante…
Lalande de Pomerol
Cette appellation est réservée au vins des communes de Lalande et de Néac situées au nord de Pomerol. Le sol y est plus sableux, il s'en suit des vins plus légers, de belle couleur, ils partagent avec les Pomerol le privilège de s'apprécier jeune. Le Château Bel-air jouit d'une solide réputation
Fronsac et Canon Fronsac
Six communes se partagent ces deux appellations. Canon-Fronsac est réservé au flanc de coteau descendant vers la Dordogne.
Charnus et souples, les vins de Fronsac sont à l'image de leur terroir, doux et vif à la fois par l'association de sables, d'argiles et de calcaire.
Saint-Émilion
Cette célèbre cité médiévale attire de nombreux visiteurs amateurs de vieilles pierres… et de bons vins. Tous deux, témoignent d'un passé religieux sur le chemin de St-Jacques-de-Compostelle.
L'appellation de Saint-Emilion est reconnue aux 8 communes de l'ancienne Juridiction de Saint-Emilion.
La nature des sols et sous sols est très variée. Souvent argilo-calcaire ou argilo-siliceuse, ils sont favorables à la genèse de grands vins.
Malheureusement, bénéficient aussi de cette prestigieuse appellation de maigres terroirs sableux, jadis "Sables-Saint-Emilion.
Les vins de Saint-Emilion, "Nectar des Dieux" selon Louis XIV, ont une belle couleur, du corps et un bouquet particulier. Ils sont souvent à maturité dès cinq ans mais, dans les bonnes années, ils conservent vingt ans et plus.
Le classement de Saint-Emilion date de 1954. Il est révisable tous les dix ans. Ceci entraîne de profonds remous dans les chaumières et les châteaux!
Les Premiers Grands Crus Classés A sont Ausone et Cheval-Blanc. Les Premiers Grands Crus Classés B, Beauséjour, Bélair, Canon, Figeac, Fourtet, La Gaffelière, Magdelaine, Pavie et Trottevieille.
Viennent ensuite environ 70 Grands Crus Classés puis l'appellation Saint-Emilion Grand Cru, attribuée après dégustation sous réserve de l'observation de certaines règles de production (dont la mise en bouteille au Château).
Bien entendu, comme pour le classement du Médoc, il faut y voir surtout un guide et dans certains millésimes, il peut se trouver tel Grand Cru préférable à tel Grand Cru Classé…
Montagne-St-Emilion * St-Georges-St-Emilion
Puisseguin-St-Emilion * Lussac-St-Emilion
Ces communes ont le droit d'ajouter la mention St-Emilion à leur nom pour créer autant d'appellations. Parmi eux Montagnes et St-Georges (avec le superbe Château St-Georges) donnent les vins les plus corsés.
Bordeaux et Côtes de Bordeaux
Bordeaux, Bordeaux supérieurs, Premières côtes de Bordeaux, Côtes de Castillon, Premières Côtes de Blaye, Côtes de Bourg, Graves de Vayres, tout un groupe d'appellations dont les vignerons respectent les usages locaux, loyaux et constants.
La diversité des vins produits sur le sol viticole Girondin est infinie. Pourtant le Bordeaux présente une unité de fond. Pour saisir cette unité, sans doute est-il utile d'en mesurer la diversité!
Le vignoble de Bordeaux est chargé d'histoire. Certains châteaux rivalisent avec les grands seigneurs du Médoc.
A Castillon la Bataille, un superbe "Son et Lumière" fête la bataille qui mit fin la Guerre de Cent ans en 1453. Ici la culture de la vigne remonte à l'époque romaine comme en témoigne des mosaïques gallo-romaine. Aujourd'hui on y produit essentiellement des vins rouges.
Vauban a laissé à Blaye une forteresse remarquable, très bien conservée. La citadelle, qui jadis protégeait Bordeaux, est classée monument historique. De là, laissez vous mener au port, vous pourrez y goûter quelques fruits de mer (et même du caviar) sur un blanc sec de Blaye.
Au confluent de la Dordogne et de la Garonne, Bourg abrite quelques cavernes préhistoriques et… un vignoble pittoresque sur des coteaux calcaires abrupts. Dans ce paysage agréable vous trouverez de solides vins rouges de bonne tenue.
Sur la rive gauche de la Dordogne, face à Libourne, les Graves de Vayres ont acquis une bonne notoriété à l'étranger, notamment pour leurs vins blancs moelleux.
L'Entre-Deux-Mers, entre Garonne et Dordogne est connu pour ses vins blancs secs. On y produit aussi des vins rouges légers. Cette vaste région est plus définie par ses limites que par une unité de structure.
A la frontière nord-est de l'Entre deux mers, est délimités l'Appellation Sainte-Foy-Bordeaux. Les blancs moelleux y sont souvent dignes d'un intérêt… gourmand.
Quant à l'appellation Bordeaux, elle révèle bien des caractères différents selon les hommes qui sont à l'origine du vin produit.
Les caves coopératives (30% de la production), font appel à d'importants moyens techniques. Elles ont fait certains progrès, mais nous constatons souvent, que dans un contexte de gros volumes et de contraintes financières, il leur est difficile de sortir d'un certain milieu de gamme.
Les négociants-éleveurs fournissent des vins qui sont largement commercialisés, souvent faciles et neutres. Ils se fournissent auprès de coopératives et de producteurs n'ayant pas développé de structures commerciales.
Les propriétaires indépendants font un vin à leur image, selon leurs ambitions et leurs moyens. Certains aboutissent à des résultats dignes des plus grands. C'est en cherchant tranquillement que l'amateur peut faire de belles trouvailles.
Depuis 2 ou 3 ans sont apparus les “vins de garage”. Le plus célèbre est à St Emilion, c’est le Château Valandraut. L’objectif est sur une toute petite surface de tout mettre en oeuvre pour produire un vin “parfait”. La rareté de ces vins ajoutée à leur grande qualité permet d’obtenir des prix mirobolants pour peu que la communication soit elle aussi parfaite. Il n’empêche que l’existence de ces “vins de garage” joue, au même titre que les grands crus classés le rôle de moteur qui tire vers le haut la qualité des vins de Bordeaux.